Préparation Programme de Reforestation PACHAMAMA
Patrick Clavelier, notre directeur France et cofondateur de l’association avec Jef en 2006, s’est déplacé ce moi de mai à Madagascar.
Ingénieur territorial spécialisé dans les domaines de l’environnement et du paysage à la ville de Bergerac, j’assure au sein de l’association un rôle de conseil technique et de co-pilotage avec Jef en particulier dans le domaine du sport et de l’agro-écologie avec le montage de dossiers techniques et la recherche de subvention.
De retour de Madagascar après un court séjour en brousse, j’ai été stupéfait de constater l’extrême rapidité avec laquelle la forêt disparaissait et le pays se dégradait, notamment depuis ma dernière expédition en 2018.
La régression des forêts naturelles dans le monde (Amazonie, Indonésie, Afrique, Madagascar …) m’inquiète beaucoup et nous sommes nombreux à penser que c’est une véritable catastrophe planétaire qui se joue à l’heure actuelle, tant au niveau écologique, qu’au niveau humain et sanitaire…
A Madagascar, plusieurs centaines de milliers d’hectares de forêts sont détruits chaque année avec des records à plus de 500 000 arbres abattus en moins d’une année.
En 70 ans, l’île a perdu près de la moitié de ses forêts naturelles et leur conversion en terres cultivées (culture sur brûlis), associée à l’explosion de la population, accélère la pression sur les sols, les phénomènes d’érosion et la désertification.
Dans ce cadre, la quasi-totalité des espèces qui vivent à l’intérieur ou au contact de ces forêts sont bien entendu largement menacées. A 90 % endémiques à Madagascar (c’est à dire n’existant nulle part ailleurs sur la planète), la disparition de ces espèces entraînera l’extinction d’une biodiversité unique au monde et la perte d’un patrimoine planétaire commun pour nos enfants.
En outre, sur la côte Est de l’île, les récents cyclones dévastateurs de 2021 et 2022 ont anéantis les derniers ilots de forêts relictuels. Aussi, ma route pour rejoindre cette côte, jusqu’à Mananjary, depuis la capitale Antananrivo, n’a été bien souvent que tristesse et désolation.
Ces phénomènes en cascade, aboutissent à des populations en grande souffrance alimentaire et de plus en plus vulnérables au changement climatique et aux maladies…
Heureusement, mon séjour m’a permis d’entretenir les liens puissants établis depuis 2006 entre Pachamama et les populations locales, liens indéfectibles mais malmenés par l’épisode du covid 2019.
Les échanges que nous avons développés depuis plusieurs années nous ont permis de tisser un réseau local de confiance, indispensable pour tenter de préserver ou rétablir quelques sanctuaires de forêts et de biodiversité avant qu’il ne soit vraiment trop tard, mais la situation est urgente et le temps presse…
En moins de 3 semaines, avec nos amis malgaches, nous avons pu avancer de façon significative pour lancer notre programme de replantation de forêts naturelles et nourricières, baptisé « Talonneur de Cœur » qui prévoit la plantation d’un million d’arbres sur 4 ans dans la région de Mananjary.
Pour ce faire, nous avons établi une étroite collaboration avec une autre ONG locale « Cœur de Forêt » qui partage nos valeurs et nos objectifs de sauvegarde et de restauration des forêts. La signature d’une convention entre les 2 parties, nous permet de rassembler nos forces et compétences pour garantir un bon déroulement des différentes étapes de ce projet, à savoir :
- Le repérage des stations de ressources génétiques, en matière de vieux arbres et d’espèces endémiques, pour le prélèvement de semences locales
- La formation de botanistes cueilleurs/semeurs pour mener ces inventaires
- La mise en place de petites pépinières pour la production des plants locaux
- L’identification des sites de reforestation
- La mise en œuvre des programmes de plantation de forêt naturelle et nourricière répondant aux enjeux de restauration de la biodiversité, de production vivrières et de soutien économique
- Le suivi de ces plantations dans une perspective de développement durable
Parallèlement, sur Mananjary où nous avons installé notre ferme en agro-écologie dénommée « Centre des métiers de la Terre », nous souhaitons élaborer en lien avec les écoles du village, les collèges et lycées des environs et les universités de la région, une unité de sensibilisation et de formation à la protection des forêts, intitulée « l’Académie de l’Arbre ». Deux salles de classes sont en cours de réfection pour accueillir les différentes classes et une convention avec 2 universités de Fianarantsoa et Antsirabe sont en cours d’élaboration pour accueillir 5 à 10 universitaires cet été.
Une visite du premier ministre malgache et de la ministre de l’Éducation et de l’enseignement technique devrait nous permettre d’être reconnu officiellement et peut être même, agréé à Madagascar.
Dans l’attente, nous avons démarré nos premiers ateliers pédagogiques sur la forêt avec les écoles du village local de Tsaravary et réalisé deux chantiers éducatifs visant la plantation d’une cinquantaine d’arbres de forêt primaire sur notre terrain, au Centre des Métiers de la Terre.